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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 16:17
Ma très chère Martha,
je sais, il y a longtemps mais la vie a sa façon bien à elle de nous occuper à des choses que nous ne choisirions pas nécessairement de notre propre gré. Enfin, me voici avec un peu de temps, assez j'espère pour t'entretenir de mes préoccupations actuelles.
J'ai lu avec un intérêt que tu devines toutes tes lettres. Je voudrais bien être aussi assidue que toi mais il n'en est pas ainsi et j'apprécie que tu ne m'en tiennes pas rigueur.
Tu sais, j'envie ta relation avec Jo. D'ailleurs je t'envie d'être la grand-maman d'une adolescente. Parfois je me dis qu'être grand-maman, c'est une une compensation pour le fait d'être une maman (bon, ok, je souris en t'écrivant çà). J'envie aussi ta relation avec Marcel. Que tu puisses enfin penser à toi et vivre autre chose en dehors du travail et de la famille est quelque chose que tu mérites grandement. Enfin, ça t'arrive et je m'en réjouis.
Je vais bien. Je profite plutôt bien de mes premières semaines de retraitée. Je prends la vie plus doucement et j'ai l'impression d'enfin pouvoir me reposer même si, tu me connais, j'essaie aussi d'être disciplinée (tenue de maison, lecture, un peu d'écriture). Que c'est donc difficile de trouver l'équilibre entre la discipline et le lâcher prise, de bien discerner entre le repos et l'oisiveté. Je suppose qu'avec le temps, je finirai par trouver un rythme qui me satisfera vraiment. Pour le moment, évidemment, je reste disponible pour mon fils (qui est loin d'en abuser), ma soeur et mon frère. Celui-là ... C'est à se demander comment on peut être aussi différents l'un de l'autre quand on a eu les mêmes parents et la même éducation. Il faut bien reconnaitre que c'est un peu comme çà dans plusieurs familles. Mon cher frère! Imagine-toi. je le vois en cachette. Tu te rends compte? Tu sais comment il a trouvé difficile de continuer à vivre après le décès de sa Juliette et que, trop vite, il a trouvé une nouvelle compagne. Un vrai adolescent, incapable de vivre seul. Il me l'avait dit souvent d'ailleurs. Je me rappelle quand il m'a dit, c'était environ 3 mois après le décès de Juliette, qu'il trouvait que les femmes sont plus fortes que les hommes parce qu'elles savent mieux vivre seules. Il n'a pas tort et le contexte m'a retenue de lui dire que, selon moi, ce sont plus souvent les femmes qui demandent la séparation parce qu'elles sont celles qui sont le plus déçues de la vie à deux. Peut-être sommes-nous trop exigeantes? Peut-être aussi est-ce plus caractéristique de notre génération? Quoi qu'il en soit, ce cher Jean-Guy a rencontré Marielle sur un site de rencontre. Ils se sont rencontrés d'abord pour un café, puis le cinéma, puis ... bon, de fil en aiguille, ils ont fini par cohabiter pour ensuite se marier. Si seulement ça le rendait vraiment heureux mais j'ai bien peur que ça ne soit pas le cas. Il faut que je te dise que cette Marielle, c'est tout un numéro. Je t'avoue que je la trouve bien immature émotionnellement. Je ne sais pas ce qui a provoqué son divorce (mais cette fois je pense que c'est son ex qui a du la quitter!). Elle est possessive et jalouse. Je sais bien que c'est un signe d'insécurité mais j'ai toujours eu de la difficulté à faire face à la jalousie. Notre première rencontre en famille, c'était lors d'un souper que j'avais organisé pour lui souhaiter la bienvenue dans la famille, souper auquel assistaient seulement ma soeur Rita et son mari, Jules. Je sais bien que Rita n'est pas la femme la plus chaleureuse que nous puissions rencontrer mais elle sait tout de même vivre et je la trouve plutôt "adéquate" socialement. Et bien, lors de ce repas, Marielle a tout fair pour essayer de nous convaincre que Jean-Guy était l'homme de sa vie et qu'ensemble ils seraient très heureux. J'ai toujours eu de la difficulté aussi à concevoir qu'on puisse vrairment endre quelqu'un heureux si ce quelqu'un est peu doué pour le bonheur. Et je pense que Jean-Guy n'est pas très doué. Sa Juliette était une femme si douce et si aimante, elle l'aimait vraiment comme il était et ne se formalisait pas de ses périodes un peu plus mélancoliques ou de son manque d'enthousiasme. De l'enthousiame, elle en avait pour deux. Marielle, c'est autre chose. C'est le genre de femme qui a un besoin, que je qualifierais de pantagruelesque, de prendre de la place. Finalement cette Marielle c'est une germaine. Et quel homme peut-être heureux avec une germaine? Je sais bien que la germaine permet à son homme d'avoir l'impression d'avoir peu de responsabilités car elle les prend toutes mais quelle illusion! Sa responsabilité, c'est de ne pas décevoir madame, de la rendre heureuse et de lui laisser toute la place. Et lui, pendant ce temps, il s'étiole, il étouffe, il s'éteint à petit feu. Et c'est ce qui arrive à Jean-Guy. Marielle ne veut pas être au centre de la vie de Jean-Guy, elle veut être toute sa vie. Tant et si bien que, lentement et subtilement, elle a réussi à l'isoler de ses soeurs car, même nous, sommes considérées comme de la compétition. Comme si on ne pouvait aimer à la fois sa conjointe et ses soeurs. Le pire, c'est que lui n'y voit rien. Et je n'ai pas encore eu le courage de le lui faire voir. Son veuvage l'a suffisament éprouvé, je ne me sens pas la force de lui démontrer que ce deuxième mariage est une erreur. Je ne pense pas qu'il s'en remettrait. Je pense qu'il est vraiment incapable de vivre seul et qu'il est prêt à payer un énorme prix pour l'éviter. Je ne suis pas certaine qu'il en soit conscient cependant. Alors quand Marielle est au travail et qu'elle ne lui a pas laissé plein de tâches à faire dans la maison, il me téléphone ou vient me voir. Il ne reste jamais très longtemps (15 à 20 minutes) sous prétexte de ne pas me déranger. Merde! Je suis seule à la maison quand mon amour est au travail et je suis retraitée. Du temps, j'en ai! Il ne se plaint pas trop même s'il reconnait qu'elle lui en demande beaucoup parfois. Lui qui n'était déjà pas gros, il a encore maigri. Il doit s'imaginer que je n'ai pas remarqué que c'est lorsqu'elle n'est pas à la maison qu'il me téléphone ou qu'il me rend visite. J'ai beau ne m'être jamais sentie très près de mon frère, ça me peine tout de même de le voir ainsi. Avec la période des Fêtes qui arrive, que dis-je, qui est déjà amorcée, ça me rend la situation encore plus difficile. Cette année, c'était entendu que c'est moi qui reçois. Ai-je besoin de te dire à quel point ça ne m'arrange pas? Non pas que ça me soit pénible, ce serait nettement exagéré de le dire ainsi. Évidemment, mon fils y sera avec sa douce et leurs deux amours de fistons. Tu te rappelles sans doute que Jean-Guy est le parrain de mon fils. Ils s'apprécient et Jean-Guy aime bien rencontrer les petits. Quelle menace pour madame! Après tout, les enfants à Noël, c'est important. Je ne peux pas ne pas les inviter, c'est quelque chose que je ne ferais jamais à mon frère, mais, honnêtement, ça m'enrage de penser qu'à cause d'elle, nos Noëls ne seront plus jamais aussi joyeux. Rita et Jules y seront également, avec leur fille Mélodie (croirais-tu que Mélodie a déjà 16 ans?) qui, pour la première fois, sera accompagnée de son amoureux (Olivier, si j'ai bonne mémoire). Je te jure Martha, il y a des moments ou je souhaite que Marielle décline l'invitation au profit de sa propre famille. Je trouve toujours çà bien triste pour Jean-Guy mais, comme le dit si bien mon cher fils, qu'il assume ses choix. Et tant pis si nous en souffrons aussi ... ??? Je ne sais plus. Au fond, que peut-on faire d'autre que d'accepter cette situation que nous ne pouvons pas changer? À moins de nous transformer en germaines? Je souris encore. Mon fils a bien raison. Tout ce que je peux faire, c'est d'être là quand mon frère m'appelle ou me visite et de l'écouter, de l'entendre. Tu sais, tout ce dont je viens de te parler, je réalise depuis un certain temps, que c'est simplement une forme de violence conjugale dont ce sont peut-être plus souvent les femmes qui sont victimes. C'est ce qui m'aide à déterminer mon attitude avec mon frère.
Il se fait tard. Je vais te laisser bien vite hélas mais j'espère que nous pourrons bientôt nous voir. Une petite escapade d'une journée ou deux entre amies, ça te tente? Si ton Marcel t'en laisse le temps bien sûr. Le travail, la famille, les amours, ça ne devrait pas empêcher l'amitié (là, je rigole vraiment car je sais bien que je n'ai pas à te le rappeler). Comme je suis probablement plus libre que toi, du moins dans mon emploi du temps, je te laisse voir quand ça te conviendra le mieux. J'espère ne pas t'avoir ennuyée.
Je t'embrasse en toute amitié,
Véro.
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